Lu dans l'Humanité

Le candidat de Front de gauche à l’élection présidentiel était mercredi 21 mars à Bobigny qui craint les amalgames et les stigmatisations après l’identification du tueur toulousain Comment un discours peut-il provoquer une telle respiration, une telle libération A peine Jean-Luc Mélenchon est-il descendu de l’estrade, installée face à la préfecture de Seine-Saint-Denis, qu’il est ac-cueilli par des « merci » que lancent des mamans, des jeunes femmes et des hommes à la peau colorée. Les visages virent à ce moment-là de l’inquiétude au sourire éclatant. « Il a su nous faire relever la tête, dit Malika. Après l’identification du tueur, on commençait à rentrer les épaules en pensant déjà aux amalgames et aux stigmatisations qui ne manqueraient pas à l’égard des Maghrébins et des musulmans.. » Malika se sent bien dans cette foule bigarrée, métissée comme l’est Bobigny, où se tient le meeting organisé hier en plein air par le Front de Gauche et au cours duquel une minute de silence a été observée en mémoire des victimes des tueries de Montauban et de Toulouse. Elle est au premier rang, ne perd pas une miette de ce que disent les orateurs, Catherine Peyge, maire (PCF) de la commune, Pierre Laurent, secrétaire national du (PCF), et, surtout, Jean-Luc Mélenchon. Elle applaudit quand celui-ci déclare, sur un ton solennel : « Notre devoir est d’être unis comme les doigts de la main pour affirmer que le criminel dégénéré qui a frappé nos enfants ne trouvera aucune faille parmi nous, quels que soient les prétextes et les alibis de ses actes(…) Mon devoir est d’affirmer à cet instant (…) qu’il n’y a pas de place dans ce pays pour mener des guerres de religion, qu’il n’y a pas de place dans ce pays pour le choc des civilisations. » Malika, belle femme, cheveux au vent, se lève haut la tête et l hoche quand Jean-Luc Mélenchon évoque la tuerie de quatre-vingts personnes, l’été dernier en Norvège, par « un illuminé », et explique que personne n’a amalgamé les chrétiens à cet acte criminel « au motif qu’il balbutiait je ne sais quoi à propos du christianisme. » « Aujourd’hui, déclare-t-il, nous disons dans les mêmes termes que nous ne croyons pas qu’un seul musulman ait en quoi que ce soit à voir avec le dégénéré » de Toulouse. Les mots du candidat sonnent justes aux oreilles de 93, un département « qui cristallise à la fois tous les défis, toutes les difficultés », selon Catherine Peyge, du public originaire d’une ville melting-pot. Un département et une ville habités par des frondeurs, habitués à se battre pour obtenir les services publics qui leur sont dus. Alors, quand Jean-Luc Mélenchon affirme que ces services publics sont « le patrimoine de ceux qui n’en ont aucun », il provoque un tonnerre d’applaudissements dans la foule. « Le service public est ce qui permet à chacun de savoir que les enfants seront correctement éduqués, comme le souhaitent toutes les générations qui ont fait tant de sacrifices, » dit-il.Pour Jean-Luc Mélenchon les habitants de la Seine-Saint-Denis ne peuvent être que « républicains », eux qui sont si « sensibles à l’action des services publics ». Car, souligne-t-il, sans la République, chacun est livré « aux appétits de ceux qui veulent faire de toute chose une marchandise et un commerce ».

''La République, clame le candidat, est « la patrie des pauvres, la patrie de tous ceux qui ne veulent pas accumuler mais qui veulent partager ». Ce pays est à nous, quelle que soit la couleur de notre peau, quelle que soit l’origine de nos parents », lance Jean-Luc Mélenchon"

Mina Kaci